Anatomie de la tête du cheval

Parce que nous en discutons souvent, que l’étymologie est riche et qu’il s’agit d’un point de grand intérêt pour vous ; nous allons aujourd’hui parler d’anatomie. Lorsque l’on apprend l’anatomie et l’anatomie fonctionnelle, on cible des groupes et sous-groupes musculaires, osseux et tendineux et on les récite une centaine de fois en latin pour les apprendre. Cool hein ? Ouais, moyen.

Aussi, afin de ne pas tomber dans des écueils de lourdeur et d’ennui, nous allons nous intéresser ici aux grandes structures et à l’anatomie dite “superficielle” utiles et facilement identifiables.


Important :

Je tiens à prévenir que certaines images contenues dans cet article, notamment celles de myologie et de dissections sont susceptibles de heurter la sensibilité de certaines personnes. Je vais m’efforcer de trouver des schémas mais dans certains cas ça ne sera pas possible, voire moins utile. Si la vue de tissus organiques, de  sang ou de lymphe vous met mal à l’aise, je vous déconseille de lire cet article. Ou alors, juste la partie “ostéologie”. ‘Fin, c’est vous qui voyez hein.

Pour les autres, let’s go !

Définitions

Avant de commencer notre exploration de la tête et de l’intérieur de la bouche, nous allons voir ici quelques définitions utiles de ce que sont les disciplines qui permettent l’observation du vivant. Ceci pour ne pas confondre certaines choses et pour comprendre ce que vous regardez et comment vous le regardez. 


Anatomie : L’anatomie est la science qui décrit la forme et la structure des organismes vivants et de leurs parties (organes, tissus).

Anatomie fonctionnelle : L’anatomie fonctionnelle est une spécialité qui est basée sur l’étude des relations entre la morphologie et la fonction des parties élémentaires de l’organisme.

Physiologie : Science qui étudie les fonctions et les propriétés des organes et des tissus des êtres vivants ; ces fonctions.

Biomécanique : La biomécanique est l’exploration des propriétés mécaniques des organismes vivants ainsi que l’analyse des principes de l’ingénierie faisant fonctionner les systèmes biologiques. Elle caractérise les réponses spatio-temporelles des matériaux biologiques à un système imposé de forces et de contraintes internes et externes.

Ostéologie : L’ostéologie désigne la science qui étudie la structure des os et plus généralement du squelette, humain ou animal. Il s’agit d’une sous-discipline de l’anatomie.

Myologie : La myologie est une partie de l’anatomie qui traite des muscles.

Couche : Désigne la profondeur à laquelle l’observation est effectuée, de la surface de la peau au centre du corps.

Ablation : Fait de retirer un élément normalement présent sur une couche pour faciliter l’observation d’autres éléments.

Les plans

En bref, pour lire les informations en anatomie, on se place selon un référentiel qui est désigné par certains mots. Comme une image vaut mille mots, voici où sont placés ces référentiels (en plus c’est un p’tit chat trop chou <3) :

Tous ces termes permettent de se repérer dans l’espace, entre les vues, les coupes et les différents plans. Bien que certains aient des noms bizarres, ils sont très faciles à retenir dès lors qu’on leur donne une logique spatiale :

  • Cranial/Rostral = en direction du crâne
  • Caudal = en direction de la queue
  • Proximal = proche
  • Distal = distant
  • Plantar = plantaire (comme la plante des pieds)
  • Dorsal = vue du dos
  • Ventral = vu du ventre

Quant à sagittal, transversal et frontal, il s’agit très simplement de repères de plans de coupes tels que déterminés dans un espace orthonormé. 

On va pouvoir passer aux choses sérieuses !

Ostéologie

On commence par la structure la plus simple et la plus dure qui compose la tête de notre cheval : les os. Les os sont la structure, la base sur laquelle viennent s’ajouter les structures molles du reste du corps. Cette base est appelée squelette (mais là je pense que je ne vous apprend pas grand chose) et pèse environ 8% du poids total du cheval (ha, là pt’être que vous apprenez un truc héhé !). Les os sont tenus entre eux par les ligaments et les muscles peuvent s’insérer dessus grâce aux tendons. Sur la tête du cheval, contrairement au reste du corps, les structures osseuses sont aisément palpables et reconnaissables.

Le crâne

La tête d’un cheval, du côté osseux de la chose, est composée de la boîte crânienne, la face et la mâchoire supérieure. Celle-ci est composée de 34 os, alors que la mâchoire inférieure est composée seulement de deux. Les os du crâne ont des articulations fibreuses. Elles sont essentiellement inamovibles. Les os sont liés par un tissu fibreux qui s’ossifie à mesure que le cheval grandit.

Ça donne ça :

Ici, une coupe du crâne sur le plan mi-sagittal | Source : 3B Scientific

Parmi les structures importantes du crâne du cheval comptent les dents. Pour ces dernières, vous pouvez aller lire l’article intitulé “La bouche de mon cheval, son dentiste et moi”. 

Toujours au même niveau de lecture, il est bon de mentionner des cavités présentent dans les os (ou plutôt entre les os) et qui s’appellent “sinus”. D’ailleurs, “sinus” signifie littéralement “cavité” (ainsi, certains “sinus” ne sont pas osseux).  Sur la face, les sinus peuvent être maxillaires, ethmoïdaux, frontaux ou sphénoïdaux, selon l’os dans laquelle est présente chaque cavité. Ces cavités atténuent le poids des os faciaux et du crâne tout en maintenant leur solidité et leur forme. Ils sont tapissés d’une muqueuse :

Myologie superficielle

Maintenant que nous avons vu synthétiquement la partie “os”, nous pouvons passer à la partie “muscles”.

Les muscles sont les éléments structurels qui permettent le déplacement du corps dans l’espace (au moyen de commandes neuronales bien bien complexes, d’afflux sanguin et nerveux et d’échanges chimiques). (Autrement dit, la biomécanique, la vraie). Tous les muscles que vous allez voir au dessous sont des muscles striés de type II. C’est à dire qu’ils ont une contraction rapide, en opposition aux muscles profonds qui ont une contraction lente (muscles de la posture). 

Abdu…Addu…teurs ?

Les muscles striés sont contractés volontairement, ce qui permet le mouvement. Et ce, contrairement aux muscles lisses (organes), dont la contraction est involontaire. Il existe 5 groupes musculaires distincts avec une utilité propre (et que l’on confond à peu près tous au début haha) :

  • Les extenseurs, ou releveurs, permettent d’ouvrir un axe/angle articulaire.
  • Les fléchisseurs, ou abaisseurs, permettent de fermer un axe/angle articulaire.
  • Les rotateurs, permettent de faire pivoter un segment par rapport à l’axe du corps ou à lui-même.
  • Les abducteurs, permettent d’écarter un segment de l’axe du corps.
  • Les adducteurs, permettent de rapprocher un segment de l’axe du corps.

Ces muscles travaillent dans des ensembles (= groupes musculaires). Ces ensembles peuvent être agonistes ou antagonistes : travailler dans le même sens ou dans un sens opposé. “Par exemple, les extenseurs s’étirent quand les fléchisseurs se contractent. Les adducteurs se contractent quand les abducteurs s’étirent.” [Wiki].

Juste sous la peau

Nous allons nous intéresser ici à deux couches : le plan superficiel (= muscles se trouvant juste sous la peau) et le plan juste au dessous. En art, on appellera ça un “écorché”. 

Pourquoi pas plus loin dans les couches, me direz-vous ? (Si, je sais que vous alliez dire ça). Et bien déjà parce que sur ces deux plans, y’a quand même du monde. Ensuite, c’est parce que ce sont ces structures les plus susceptibles d’entrer en conflit direct avec le matériel équestre, notamment les structures les plus superficielles. En effet, elles peuvent être traumatisées de l’extérieur de façon directe. Par exemple, par frottement / coup / coupure. Mais aussi, en opposition, plus en profondeur par de mauvaises conditions fonctionnelles et physiologiques (par exemple : l’hyper flexion de l’encolure. Elle n’entraîne pas de dommages superficiels mais plus profonds, tout en modifiant certains paramètres physiologiques comme la respiration ou la déglutition).

Donc, juste sous la peau (Plan 1) :

Source :  http://anatomie-cheval.11vm-serv.net (merci à ce site d’exister, au passage !)
Sur ce plan, vous pouvez voir en surbrillance l’aponévrose épicrânienne : ça n’est pas vraiment un muscle. “Il s’agit d’une lame fibreuse étendue, recouvrant les os du chanfrein en partant de l’os pariétal jusqu’à l’extrémité rostrale de l’os nasal”. La fine couche blanche qui entoure les muscles est du tissus conjonctif.

1. Muscle fronto-scutulaire
2. Revêtement cutané (c’est à dire la peau)
3. Muscle frontal
4. Muscle orbiculaire de l’oeil
5. Muscle malaire
6. Aponévrose épicrânienne
7. Muscle releveur naso-labial

Détail du platysma

Source :  http://anatomie-cheval.11vm-serv.net
1. Muscle abaisseur de l’angle de la bouche (En continuité avec le platysma)
2. Muscle buccinateur (Partie buccale)
3. Muscle zygomatique
4. Muscle malaire
5. Muscle masséter
6. Platysma (Partie faciale)(en surbrillance)

Détail muscle orbiculaire

Source :  http://anatomie-cheval.11vm-serv.net
1. Muscle zygomatique
2. Muscle buccinateur (Partie buccale)
3. Muscle abaisseur de l’angle de la bouche
4. Muscle releveur naso-labial
5. Muscle abaisseur de la lèvre inférieure
6. Muscle canin
7. Muscle mental
8. Muscle orbiculaire de la bouche

Plan superficiel dorsal de la tête

Source :  http://anatomie-cheval.11vm-serv.net
1. Muscle brachio-céphalique
2. Muscle cervico-scutulaire
3. Muscle scutulo-auriculaire superficiel dorsal
4. Muscle interscutulaire
5. Muscle zygomatico-auriculaire
6. Muscle orbiculaire de l’oeil
7. Muscle cervico-auriculaire superficiel
8. Muscle scutulo-auriculaire superficiel accessoire
9. Muscle scutulo-auriculaire superficiel intermédiaire
10. Muscle scutulo-auriculaire superficiel ventral
11. Muscle fronto-scutulaire
12. Muscle frontal
13. Muscle malaire
14. Muscle releveur naso-labial
15. Muscle canin
16. Muscle releveur de la lèvre supérieure
17. Muscle dilatateur des narines

Plan superficiel ventral

Source :  http://anatomie-cheval.11vm-serv.net
1. Muscle sterno-céphalique
2. Muscle sterno-hyoïdien
3. Muscle omo-hyoïdien
4. Muscle digastrique (faisceau angulaire)
5. Muscle thyro-hyoïdien
6. Muscle masséter
7. Muscle digastrique (ventre rostral)
8. Muscle abaisseur de la lèvre inférieure
9. Muscle mylo-hyoïdien
10. Muscle buccinateur
11. Muscle mental
12. Muscle orbiculaire de la bouche

Les « hyoïdiens »

Vous remarquerez ici des muscles avec des “prénoms composés” : sterno-hyoïdien, omo-hyoïdien… Il s’agit de muscles longs prenant origine sur le processus hyoïdien. Le muscle sterno-hyoïdien s’accroche à la fois à l’hyoïde et au sternum. C’est ça que l’on appelle “l’interconnectivité” et qui prend une place capitale dans l’adaptation du matériel et le respect du mouvement. Mais j’aurais l’occasion d’en parler très prochainement dans un article consacré à l’hyoïde !

1. Muscle splénius
2. Muscle brachio-céphalique
3. Muscle parotido-auriculaire
4. Muscle cervico-auriculaire moyen
5. Muscle scutulo-auriculaire superficiel ventral
6. Muscle scutulo-auriculaire superficiel dorsal
7. Muscle zygomatico-auriculaire
8. Muscle zygomatico-scutulaire
9. Muscle fronto-scutulaire
10. Muscle frontal
11. Muscle orbiculaire de l’oeil
12. Muscle malaire
13. Muscle releveur naso-labial
14. Muscle releveur de la lèvre supérieure
15. Muscle nasal latéral
16. Muscle sterno-céphalique
17. Muscle omo-hyoïdien
18. Muscle masséter
19. Muscle zygomatique
20. Muscle abaisseur de la lèvre inférieure
21. Muscle buccinateur
22. Muscle abaisseur de l’angle de la bouche
23. Muscle canin
24. Muscle mental
25. Muscle orbiculaire de la bouche
26. Muscle dilatateur des narines

Les structures hybrides

Des os, muscles, ligaments, tendons, organes.

Et ceux qui sont difficilement classables ! Hé oui, certains éléments ont les propriétés de plusieurs catégories. C’est le cas du coeur, qui est à la fois un muscle et un organe.

Et c’est aussi le cas de la langue (qui est elle aussi attachée à l’hyoïde, d’ailleurs !). Et c’est d’elle que je veux vous parler. La langue est un organe musculaire très complexe dont la puissance physique dépasse l’entendement. Chez le cheval elle est très longue, s’insère très en arrière de la cavité buccale où elle est très épaisse puis s’affine vers l’avant :

Coupe transversale d’une tête de cheval. La langue prend énormément de place dans la bouche du cheval. Ici, elle est mise en évidence en jaune. La partie blanche juste au dessous et qui remonte légèrement de part et d’autres est la mandibule, les barres. pour se repérer, nous sommes à peu près au premier tiers des barres, au niveau des crochets.

Vers l’arrière :

Ici, quasiment en fond buccal. La langue est toujours en jaune !

Le mouvement de la langue est assuré à la fois par des muscles extrinsèques et intrinsèques, possédant de multiples directions différentes. En plus, elle possède une double innervation, motrice et sensorielle.

De par son attache à l’os hyoïde, la langue joue un rôle clé dans la posture et est connectée avec l’ensemble des chaînes musculaires du corps. Donc, il est aisément compréhensible qu’elle soit au cœur des préoccupations en ce qui concerne les embouchures ET la briderie (oui, une contrainte linguale peut tout à fait être induite par la briderie, c’est pas l’apanage (éventuel) du mors).

Maintenant que vous connaissez toutes ces structures, vous allez pouvoir vous la péter grave vous êtes plus à même de vous représenter ce qu’il y a plus ou moins directement sous la peau. Ça, c’était de l’anatomie. Les étapes suivantes s’appellent “anatomie fonctionnelle” et “physiologie”, qui vont permettre d’étudier comment ces structures s’animent les unes par rapport aux autres dans le mouvement et ce qui permet la locomotion.

Peut être dans un prochain article, qui sait ? 😉

Laetitia Ruzzene

Laetitia Ruzzene

Cet article a été écrit par Laetitia Ruzzene et appartient au titre des droits d’auteurs au site https://www.bit-fitting.fr. Les textes contenus dans cet article peuvent être réutilisés ou distribués dans la mesure de la mention de son auteur ainsi que de l’origine de l’article (lien URL direct).

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