Vous l’aurez remarqué, le prix d’un mors peut varier du simple au double (voire triple, quadruple et plus encore), pour des objets qui somme toute, semblent très similaires. Comment expliquer ces écarts de prix ? Qu’est-ce que vous achetez ?

Parler du prix d’une selle ou d’un bridon peut réellement être compliqué car multifactoriel (matières, circuits, marketing, effet de marque…) et sujets à des facteurs changeants (mode, tendance). En comparaison, parler du prix d’un mors est relativement aisé et les critères déterminant le prix, plus faciles à comprendre.

En effet, seulement 3 facteurs principaux en expliquent le prix :
1- Les matériaux
2- Les procédés de fabrication
3 – La complexité formelle

Et chacun de ces facteurs sont interdépendants les uns des autres.

Les matériaux

C’est évident : la matière première a un coût et celui-ci est extrêmement variable.
1 kilo de titane (Ti), de cuivre (Cu), de fer (Fe) ou de zinc (Zn), ça ne coûte pas la même chose. Ces métaux sont également transformés, additionnés entre eux en proportion variables avec des difficultés plus ou moins importantes.

Ainsi, un mors dont les matières premières ont un coût élevé (de base ou de transformation), sera plus cher.

Du cuivre (Cu) à l’état sauvage

A ce propos, il est tout à fait possible de trouver des mors faits à priori du même alliage et dont l’un serait moins cher que l’autre. La plus grande prudence est réclamée dans ce cas : quelle est la composition exacte ? Quels sont les procédés d’extraction et de transformation ? D’où vient ce métal ?

La traçabilité des métaux est très opaque (pour ne pas dire inexistante). Il est très difficile de savoir ce dont est réellement fait un mors sans le matériel adéquat. C’est la même chose avec les caoutchoucs et les plastiques !

La sécurité de composition d’un mors que l’on vient mettre dans la bouche d’un équidé est à mon sens primordiale. Méfiance donc sur les offres trop alléchantes si les autres mors faits des mêmes alliages/matières ont un coût plus élevé !

Les procédés de fabrication

Les mors (ainsi que nombre d’autres pièces métalliques de harnachement) n’ont pas forcément de procédé de fabrication automatisés. Leur production se fait majoritairement en fonderie. La coulée se fait dans des moules à cire ou à résine perdue et plus rarement en sable (comme vous pouvez le voir ici).

Le travail de fonderie emploie nombre de personnes. C’est un travail pénible, d’autant plus si les coulées se font encore manuellement. Chaque pièce est effectuée une par une ou en petit groupe, dans des moules souvent entièrement détruits lors de la fabrication. La complexité de ces moules peut devenir très importante en fonction de l’objet à fabriquer et générer des coûts supplémentaires.

Les moules dits « permanents », qui autorisent une plus grande sérialisation doivent également être régulièrement changés (oui, du coup on les appelles permanents quand même, faut pas chercher) car ils peuvent se déformer ou s’abîmer.

La coulée d’un métal en fusion (source : stelloric.fr)

Une autre variable est que tous les matériaux, métalliques ou organiques, ne se travaillent pas de la même façon et certains nécessitent beaucoup plus d’opérations.

Par exemple, la formation d’un alliage peut passer selon différentes étapes, plus ou moins longues et plus ou moins complexes car la plupart des alliages métalliques sont des combinaisons obtenues par fusion. La base est le matériau principal et les éléments d’alliages sont les matériaux que l’on va lui adjoindre pour créer l’alliage. Et tous les matériaux n’ont pas la même température de fusion.

Et une fois les pièces imprimées, il faut encore quelques opérations avant que le mors soit terminé, assemblé, poli, contrôlé et prêt à l’emploi.

 

La complexité

Quant au troisième facteur, le complexité, elle englobe plusieurs choses.

D’une part, la recherche faite sur l’embouchure et son design. Est-ce que le mors en question est un standard immuable et millénaire (au moins..!) ou bien un petit bijoux d’ergonomie, pensé et dessiné pour répondre à une problématique donnée ?

L’un aura nécessité très exactement 0 heures de recherches et 0 ressources ; l’autre déjà beaucoup plus.

Bonne prise de tête pour le lormier en charge de la fabrication d’un mors de Frederico Grisonne ! (XVIe siècle). D’ailleurs, cet écuyer a inventé nombre de formes de mors, assez folles (et assez sévères, voire carrément affreuses) et serait le « papa » de la bride. On en parlera, tiens.

Cette recherche dans la conception amène une autre question et une autre variable de coût : qui a dessiné ça ? Y a-t-il eu des chercheurs, ingénieurs, un bureau méthodes et un bureau d’étude sur le projet ? Payer un dossier de fabrication tout prêt d’un design déjà maintes fois éprouvés ou payer un bureau d’études ou de recherche n’est pas tout à fait la même chose non plus.

De tout ça découle donc la complexité formelle. Plus les formes sont complexes et les assemblages nombreux, plus on rajoute d’étapes de fabrication et plus le coût augmente.

Si en plus on rajoute là-dessus un matériau ultra propre et parfois breveté : ça commence à piquer ! (et c’est justifié)

Pour résumer :

Réflexion sur la conception

+ Coût des matières

+ Complexité de fabrication

_________________________________

= Prix du mors.

Pour conclure cet article, une précision : il est toujours possible de trouver moins cher.

Mais il en va du mors comme du reste : la qualité a un coût et c’est cette qualité que vous mettez dans la bouche de votre cheval. Les fabricants les plus renommés affichent des prix qui vous garantissent un minimum de fiabilité en termes de composition.

Voilà, nous avons décortiqué le prix d’un mors ! Dans un prochain article (une série, en fait hé hé !) nous regarderont de plus près les matériaux justement et nous verront comment faire pour s’y retrouver.

Laetitia Ruzzene

Laetitia Ruzzene

Cet article a été écrit par Laetitia Ruzzene et appartient au titre des droits d’auteurs au site https://www.bit-fitting.fr. Les textes contenus dans cet article peuvent être réutilisés ou distribués dans la mesure de la mention de son auteur ainsi que de l’origine de l’article (lien URL direct).

Partager cet article :

More
articles